Le 15 février 2018, Assafir Arabi, un média d’information en ligne libanais et supplément de l’ancien quotidien « proche du Hezbollah » As-Safir, a publié sur son site et sa chaîne YouTube des clips aux propos incendiaires contre l’État d’Israël et la France. Ces clips vidéo portant le logo du gouvernement français ont été produits par l’Union juive française pour la paix (UJFP), une association française engagée dans les campagnes discriminatoires BDS (boycott, désinvestissement, et sanctions) contre l’État d’Israël.

 Contexte

Au mois d’octobre 2017, NGO Monitor découvrit que l’UJFP avait reçu un financement du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) pour un projet contre le racisme. Abusant de ces fonds publics, l’UJFP publia un livre dénigrant Israël et faisant de fausses accusations contre Israël et la France. L’UJFP utilisa également cette subvention pour la production de clips vidéo comparant le sionisme au nazisme, prétendant que le sionisme est antisémite et accusant la France de pratiquer un racisme d’état.

Parlementaires, organisations juives et journalistes ont alerté les autorités au sujet de l’utilisation troublante de ces fonds publics. Un sénateur interpella le Premier ministre sur ce sujet et cette affaire fut publiée dans le magazine français Causeur.

En février 2018, « les services de l’État ont mis en demeure l’association de retirer de son site internet et de tous ses documents toute référence à un soutien de l’Etat. Ils ont par ailleurs engagé une procédure de recouvrement de la subvention pour non-respect du cahier des charges ».

Reflétant un manque grave de surveillance de la part des autorités françaises, le logo Premier ministre/CGET apparaît toujours sur les clips vidéo de l’UJFP.

 De la propagande anti-française et antisioniste exportée dans le monde arabe

Le 15 mars 2018, l’Agence Française de Développement (AFD) a annoncé la subvention de 300.000 euros sur 3 ans pour le projet « Médias indépendants en Méditerranée » porté par le média français en ligne « Orient XXI ».

Selon la note de transparence du projet mise en ligne par l’AFD, « ce projet entend, sur une durée de trois ans, favoriser le développement des sites d’information indépendants sur le monde arabe. A cette fin Orient XXI veut développer et consolider le réseau de médias qu’il a mis en place visant à renforcer leurs compétences professionnelles et leur structuration ». Ce document liste Assafir Arabi, un des membres du réseau « Médias indépendants sur le monde arabe » comme un partenaire de ce projet.

Au mois de novembre 2017, Orient XXI a présenté sur son site les clips antisionistes et accusant la France de pratiquer un soi-disant racisme d’état. En avril 2018, Orient XXI a fait la promotion de ces clips, cette fois-ci en arabe, tout en indiquant la chaîne Youtube d’Assafir Arabi comme source de ces clips sous-titrés. Enfin, le 20 mai 2018, le réseau « Médias indépendants sur le monde arabe » publia aussi sur son compte Facebook la version arabe de ces vidéos (via Assafir Arabi). Pour sa part, Assafir Arabi, en plus d’avoir publié les vidéos de l’UJFP, a publié en avril 2018 un article en anglais sur ce sujet affirmant que « les gouvernements israéliens consécutifs ont mené des campagnes pour accroître l’émigration des juifs français en Israël, manipulant l’antisémitisme pour soutenir leur cause ».

 Assafir Arabi

Assafir Arabi a servi de supplément en ligne au « quotidien pro-Hezbollah » As-Safir, qui a cessé sa publication fin 2016. Dans un article marquant la fin du quotidien libanais,  Assafir Arabi se présenta alors comme « l’une des plus récentes réalisations d’As-Safir ».

Au-delà de la publication des clips de l’UJFP, la rédactrice en chef d’Assafir Arabi, Nahal Chahal  est une des fondatrices et une ancienne coordinatrice du groupe pro-BDS Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP).

Fondée en 2001, CCIPPP est une association française « impliquée dans des opérations comme celle de la flottille et qui coordonne des missions d’observation de volontaires bénévoles dans les territoires palestiniens ». En 2002, durant la deuxième Intifada, des membres du CCIPPP s’étaient barricadés aux côté de Yasser Arafat à Ramallah.

 Orient XXI

Alain Gresh, directeur d’Orient XXI  et ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, emploie régulièrement une rhétorique anti-israélienne. Exemples:

  • Gresh soutient les campagnes discriminatoires BDS contre l’État d’Israël.
  • En 2017, il fit la promotion des clips de l’UJFP sur son compte Facebook.
  • En 2015, il déclara: « Je ne condamnerai jamais la violence utilisée par les Palestiniens ». Dans la même interview, Il ajouta qu’« Il y a une surreprésentation du rôle du Crif partout, y compris chez nos gouvernants et quelque part, c’est une forme d’antisémitisme. Nos dirigeants sont convaincus que les juifs sont partout, qu’ils ont beaucoup de pouvoir, et qu’il faut donc les satisfaire ».
  • En 2014, il déclara que « au moment où Paris dénonce les djihadistes partant se battre en Syrie, il ne prend aucune mesure contre les milliers de Français qui servent dans l’armée israélienne ».
  • En 2013, il affirma qu’« on peut s’interroger sur cet usage du terme terrorisme qui permet de boycotter le Hamas tout en maintenant d’excellentes relations avec Israël, dont l’usage du terrorisme d’Etat est patent. Nous le savons, le terrorisme est une accusation facile qui permet aux Etats de criminaliser des groupes qui luttent contre une occupation étrangère ou contre un agresseur. Cette accusation est principalement proférée contre des organisations au Proche-Orient, notamment le Hezbollah et le Hamas, mais pas seulement ».