Introduction

Crée en 2019,1 Le Collectif Palestine Vaincra (CPV) est un groupement de fait basé à Toulouse qui revendique ouvertement son partenariat avec le Front populaire de Libération de la Palestine (FPLP), une organisation terroriste désignée comme telle par l’Union européenne, les États-Unis, le Canada et Israël. Depuis le mois de février 2021, le CPV apparaît sur les listes des organisations terroristes et associations non autorisées du Ministère israélien de la Défense. (Pour plus de détails, voir section « Liens du Collectif Palestine Vaincra avec le FPLP »).

En plus de son antisionisme virulent qui se manifeste notamment dans sa charte par son appel à la libération de la Palestine « de la mer au Jourdain » et d’une Palestine « débarrassée de l’impérialisme et du sionisme », le CPV soutient activement un boycott total de l’État d’Israël qu’il considère « comme une des armes pour combattre l’État colonial israélien ». Suivant cette rhétorique violente, le CPV revendique son soutien à la Résistance « sous toutes les formes qu’elle juge nécessaire et légitime, y compris armée ». Le CPV est également un fer de lance des campagnes pour la libération de terroristes, y compris Georges Ibrahim Abdallah, condamné en 1987 à perpétuité par la justice française pour complicité d’assassinat de deux diplomates américain et israélien, et d’Ahmad Sa’adat, Secrétaire Général du FPLP, condamné en 2008 à 30 ans de prison par la justice israélienne.

Plus préoccupant, le CPV a collecté à plusieurs reprises des fonds pour financer des activités d’endoctrinement de la jeunesse, que ce soit à Gaza ou bien au Liban. Au regard de ses financements douteux et de ses liens avec le FPLP, le CPV a été déconnecté de plusieurs plateformes de paiement ligne depuis sa création, y compris PayPal.

Une dissolution suspendue

Le 9 mars 2022, le Ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin a annoncé la dissolution du Collectif Palestine Vaincra (CPV), accusé d’appeler « à la haine, la violence et à la discrimination ». (Voir annexe « Résumé de l’argumentaire ayant étayé le décret de dissolution »). De manière étonnante, le décret de dissolution a passé sous silence les liens multiples et documentés entre le CPV et le FPLP, exposés notamment dans une question parlementaire écrite (datant du 23 mars 2021 et restée sans réponse) et plusieurs appels à dissolution (ici et ici) émanant de NGO Monitor.

  • Le 23 février 2022, quelques jours donc avant la publication du décret de dissolution, la France qui assurait alors la Présidence du Conseil de l’Union européenne avait adressé une note intitulée « Lutter contre la menace représentée par les acteurs contribuant à la radicalisation conduisant au terrorisme » listant et qualifiant le CPV et d’autres groupes radicaux de « vecteurs » de radicalisation. Cette note invitait à « une réponse au niveau européen…pour entraver de manière coordonnée l’activité de telles entités ou individus ». (Note sur demande).

Le 29 avril 2022, le Conseil d’État, dans une décision en référé (jugement en urgence), a repoussé l’argumentaire étayant cette dissolution et suspendu l’exécution du décret de dissolution « jusqu’à ce qu’il soit statué sur le recours pour excès de pouvoir formé contre le décret du 9 mars 2022 portant dissolution du groupement de fait Collectif Palestine Vaincra ». En d’autres termes, le Conseil d’État se prononcera « au fond » dans les semaines ou mois à venir et décidera à la suite d’un échange d’arguments par écrit, long et complet d’annuler le décret définitivement ou non.

Ce papier n’a pas vocation à commenter l’argumentaire ayant conduit le Conseil d’État à sa décision de suspendre l’exécution du décret de dissolution, mais d’exposer une fois de plus les liens multiples et documentés (au travers d’informations vérifiables) entre le CPV et l’organisation terroriste du FPLP, qui n’ont pas été incorporés dans le décret de dissolution.

Liens du Collectif Palestine Vaincra avec le FPLP

Israël inclut le CPV dans ses listes des organisations terroristes et associations non autorisées

  • Le 21 février 2021, le Ministère de la Défense israélien a désignéSamidoun, un soi-disant « réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens » comme organisation terroriste, l’identifiant comme partie intégrante FPLP. L’ordre de désignation liste et associe le site internet et les comptes Facebook et Twitter du CPV, membre du réseau Samidoun, à l’organisation nouvellement désignée.
  • Selon le communiqué du Ministère de la Défense israélien, « l’objectif officiel de Samidoun est d’assister les prisonniers palestiniens dans leur lutte pour être libérés de prison. Cependant, dans la pratique, il sert de façade pour le FPLP à l’étrangerL’organisation joue également un rôle important dans les efforts de propagande anti-israélienne du FPLP, la collecte de fonds et le recrutement d’activistes [au profit du FPLP]Ces activités complètent la lutte terroriste armée et violente que le FPLP engage contre Israël» (traduit de l’anglais).

Le CPV partenaire du FPLP

  • Le CPV revendique ouvertement sur son site internet son partenariat avec le FPLP.
  • Selon la charte du CPV : « Leila Khaled, icône de la Résistance Palestinienne et dirigeante du FPLP, et Georges [Ibrahim] Abdallah… ont accepté d’être membres d’honneur du collectif à sa fondation en mars 2019 ».

Le FPLP déclare être en coordination et en contact direct avec le CPV et promeut régulièrement le groupe toulousain

  • Le 29 mars 2019, à la suite de la création du CPV, le FPLP a publié un communiqué dans lequel l’organisation terroriste indique avoir « félicité les camarades du Collectif Palestine Vaincra pour la création du Collectif soulignant…qu’il a un rôle important dans l’aide à la lutte du peuple palestinien au sein de la communauté internationale et particulièrement en Europe ». Le FPLP a également « réaffirmé qu’il est en coordination et contact direct avec les camarades du Collectif Palestine Vaincra et qu’il sera en contact avec lui et avec tous les partis, comités et associations progressistes du monde entier pour lutter pour une société libre de colonialisme, de persécution et de dépendance… » (traduit de l’arabe).
  • Dans ce contexte, le FPLP fait régulièrement la promotion du CPV. Par exemples :
    • Au mois de juillet 2021, le secrétaire général adjoint du FPLP, Jamil Mazhar, a été photographié tenant le logo du CPV. Cette photo a été publiée sur le compte Facebook de l’officine toulousaine.

A gauche, Jamil Mazhar, Le secrétaire général adjoint du FPLP tenant le logo du CPV. A droite, Jamil Mazhar en 2015 brandissant une kalachnikov.

  • Au mois de juin 2020, le CPV a rapporté que le Secrétaire Général du FPLP, Ahmad Sa’adat, condamné à 30 ans de prison par la justice israélienne en 2008, avait écrit au CPV adressant « son soutien au travail effectué par le Collectif Palestine Vaincra à Toulouse ».

Paypal ferme le compte du CPV en raison de ses liens avec le FPLP

  • Au mois de juin 2020, la plateforme de paiement en ligne Paypal a fermé le compte du CPV « en raison de ses liens avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP)». Depuis, le CPV a tenté de récolter des fonds via les plateformes HalloAsso et Stripe et Shopify.
  • Au mois de janvier 2023, Le journal politique américain, Washington Examiner a révélé qu’une plainte a été déposéeà l’Administration fiscale des États-Unis d’Amérique (Internal Revenue Service; IRS) à l’encontre de l’organisation caritative américaine Alliance for Global Justice (AfGJ), mise en cause pour avoir collecté des fonds au profit du CPV, « un partenaire du Front populaire de libération de la Palestine ». Depuis ces révélations, AfGJ n’est plus en mesure de collecter des dons par cartes de crédit pour les 140 groupes qu’il parraine fiscalement. (Voir la lettre de NGO Monitor addressée à Gérald Darmanin l’informant de ce dernier développement).

Des activistes du CPV visitent des membres du FPLP au Liban

  • Au mois de juillet 2021et 2019, des activistes du CPV se sont rendus au Liban et ont rencontré des membres du FPLP.

Une délégation du Collectif Palestine Vaincra visitant les bureaux du FPLP au Liban (2019)

Le CPV collecte des fonds destinés à des groupes liés au FPLP et/ou incitant à la haine et à la violence

  • Au mois de mai 2021, le CPV a récolté et transféré 6000€ au profit de l’association « Les enfants du martyr de Ghassan Kanafani » (au nom de l’ancien leader et porte-parole de l’organisation terroriste) , connue sous le nom des « Avants-gardes du martyr de Ghassan Kanafani » pour l’organisation de plusieurs camps de vacances pour des enfants de la Bande de Gaza.

  • Une analyse de la vidéo (réalisée par PFLP media office) de la cérémonie de clôture d’un de ces camps laisse clairement apparaître que ce camp avait été organisé par le FPLP (cérémonie décorée par des drapeaux du FPLP, présence de nombreux officiels du FPLP ect…). Les jeunes gazaouis quant à eux, étaient déguisés en terroristes du FPLP et ont participé à une mise en scène d’entraînement à la guérilla.

  • Au mois de mai 2019, le CPV a transféré 1700 € à l’association libanaise Nuwat – Centre social de solidarité du camp de réfugiés palestiniens Ein El-Héloué au Liban- « pour soutenir le programme des clubs de jeunes enfants palestiniens pour la mise en œuvre d’activités récréatives, culturelles et nationales, en particulier celles liées au droit de retour des enfants des refugiés pour près de 100 enfants dans le camp d’Ein El-Héloué ». Le CPV a publié plusieurs photos de ces activités, y compris les deux ci-dessous.

  • Selon le compte Facebook de l’association libanaise, ces activités s’inscrivaient dans le cadre des commémorations du « 71èmeanniversaire de la Nakba ».  Comme le montrent les photos ci-dessous publié par Nuwat, au cours de ces activités, les enfants ont brûlé le drapeau d’Israël ainsi que l’effigie du Président américain Donald Trump.

Annexe: Résumé de l’argumentaire ayant étayé le décret de dissolution

Le 9 mars 2022, le Ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin a annoncé la dissolution du Collectif Palestine Vaincra (CPV), accusé d’appeler « à la haine, la violence et à la discrimination ».

Le CPV a été dissous selon les termes de l’article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure qui stipulent que: « Sont dissous, par décret en conseil des ministres, toutes les associations ou groupements de fait : […] 6° Ou qui, soit provoquent ou contribuent par leurs agissements à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine, de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée, soit propagent des idées ou théories tendant à justifier ou encourager cette discrimination, cette haine ou cette violence ; 7° Ou qui se livrent, sur le territoire français ou à partir de ce territoire, à des agissements en vue de provoquer des actes de terrorisme en France ou à l’étranger » .

L’argumentaire étayant le décret de dissolution s’est articulé comme suit :

  • « Le CPV appelle régulièrement à la discrimination et à la haine envers Israël et les Israéliens au travers de campagnes de boycott, notamment des produits israéliens, dans la rue, au moyen de flyers, et sur les réseaux sociaux ».
  • « Le CPV, par ses publications, cultive la haine et la légitimation du recours à la violence envers Israël et les Israéliens ».
  • « Le CPV incite à la haine envers les juifs en s’abstenant de modérer les commentaires antisémites sur sa page Facebook ».
  • « Le CPV témoigne régulièrement de son soutien à des organisations reconnues comme terroristes par l’Union européenne ou à leurs membres ».
  • « Le soutien du CPV à diverses organisations terroristes va de pair avec une légitimation des méthodes terroristes qu’elle s’efforce de justifier ou de minimiser au motif qu’il s’agit d’une forme de résistance nécessaire ; que les termes de la charte du collectif « Nous la soutenons [la résistance palestinienne] sous toutes les formes qu’elle juge nécessaire et légitime, y compris armée » constituent un appel explicite à la commission d’actes de terrorisme à l’étranger ».