Au mois de septembre 2017, la Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine (PFP), association parapluie regroupant quelques 40 organisations françaises actives dans le conflit israélo-arabe, a réédité sous forme papier le livret « Palestine/Israël- Les instruments pour argumenter » avec le soutien financier de l’Agence Française de Développement (AFD), « opérateur du ministère des Affaires étrangères et du Développement international ».

Ce livret s’inscrit dans l’action de l’association de « sensibiliser et informer l’opinion publique et les pouvoirs publics en France aux droits du peuple palestinien » et prétend donner l’outillage argumentaire nécessaire à « quiconque est préoccupé par le respect du droit et s’intéresse à la Palestine » et en particulier à celles et ceux confrontés « à ce type d’affirmations »:

« Le Mur est une barrière de sécurité, depuis sa construction, les attentats ont très fortement diminué », « les habitants palestiniens de Jérusalem-Est bénéficient des mêmes droits et avantages que les habitants israéliens de Jérusalem-Ouest », « d’autres conflits existent dans le monde, bien plus meurtriers que la situation en Palestine ». « Israël est considéré comme le méchant idéal ».

Pourtant, un simple coup d’œil sur le fascicule permet de confirmer l’affirmation de PFP que « ce livret n’est pas un livre d’histoire, ni de géopolitique », mais bien un ouvrage partisan. En effet, le dénigrement systématique d’Israël mêlé à une atténuation, voir une « occultation » des responsabilités palestiniennes, ainsi que des omissions factuelles et historiques récurrentes, le rendent biaisé et malhonnête. Il n’est pas étonnant que celui-ci se base sur des personnalités aussi controversées que Dominique Vidal, Ilan Pappé, et Alain Gresh, tous trois anti-israéliens et soutiens de la campagne discriminatoire BDS contre l’Etat d’Israël, ainsi que de nombreuses organisations politisées telles que Israeli Committee against House Demolitions (ICAHD), Amnesty International, ou bien Human Right Watch.

Ci-dessous, une liste non exhaustive des affirmations auxquelles PFP prétend répondre afin de « réagir face aux lieux communs, aux caricatures et aux préjugés sur la Palestine et Israël ».

« Israël est la seule démocratie au Moyen-Orient. » (p.10)

Réponse de PFP: « Israël est en effet une démocratie, mais pour les seuls citoyens juifs alors que la communauté palestinienne d’Israël est victime de discriminations dans de nombreux secteurs de la vie quotidiennes. »

Malgré cette affirmation calomnieuse, PFP va plus loin et soutient que « même la définition d’Israël comme ‘Etat juif et démocratique’ pose problème: si la majorité de la population devait, par suite de développements démographiques, être un jour non juive, comment Israël maintiendrait-il son caractère juif sans renier son caractère démocratique? »

Enfin, PFP affirme qu’ « Israël n’est pas le seul Etat démocratique de la région ». Selon l’association, « le Territoire palestinien, à défaut de constituer un Etat, avait historiquement un véritable fonctionnement démocratique. »

« Israël est le seul Etat au monde à être menacé d’anéantissement physique par ses voisins. » (p.12)

PFP affirme que « sauf lors des premières semaines de combats durant la guerre de 1948, l’existence d’Israël, depuis sa création unilatérale il y a 69 ans, n’a jamais été physiquement remise en question ». De plus, PFP accuse faussement Israël d’avoir « déclenché la plupart des guerres qui l’ont opposé aux pays arabes voisins », y compris la guerre des Six Jours (1967), la Première et Deuxième guerre du Liban (1982 et 2006).

 « Le Mur est une barrière de sécurité depuis sa construction, les attentats ont très fortement diminué. » (p.37)

Réponse de PFP: Reprenant un avis consultatif et non contraignant de la Cour internationale de justice de 2004, PFP affirme qu’« au lieu d’être un outil de protection, le Mur est un instrument de contrôle de la population palestinienne et de renforcement de la colonisation

En effet, selon PFP, « si le mur avait vraiment un objectif sécuritaire il serait construit le long de la ligne verte ». Et pour justifier son allégation, PFP affirme qu’ « il est contestable de lier la diminution des attentats à sa construction. Ceux-ci commencent à fortement diminuer à partir de 2002 à une époque où la construction du Mur vient juste de débuter.»

« Les inégalités entre les Palestiniens d’Israël et Juifs israéliens ne sont que conjoncturelles. » (p.44)

Au-delà du choix délibéré de nommer les Arabes Israéliens Palestiniens d’Israël, PFP cite de manière étonnante l’exemple d’une loi fondamentale de la Knesset de 1958 pour affirmer l’existence d’une discrimination d’état envers les arabes israéliens. En effet, cette loi stipule qu’ « un candidat ne doit pas participer aux élections de la Knesset si ses objectifs ou ses actions expressément ou par insinuation comportent une des points suivants: (1) négation de l’Etat d’Israël en tant qu’Etat du peuple juif; (2) négation du caractère démocratique de l’Etat; (3) incitation au racisme. »

« Les Palestiniens se battent entre eux, comment espérer une ouverture? » (p.50)

Réponse de PFP: «  L’adage ‘diviser pour mieux régner’ s’applique parfaitement à la Palestine, car si les Palestiniens ont une responsabilité dans leur division, Israël et la communauté internationales y ont pleinement  contribué en soutenant la Cisjordanie ‘Fatah’ contre la bande de Gaza ‘Hamas’ politiquement et financièrement. Ils n’ont effectivement reconnu ni le gouvernement issu des élections remportées démocratiquement et en toute transparence par le Hamas en janvier 2005 ni même les gouvernements d’union nationale (Fatah/ Hamas) constitués en février 2007 puis en juin 2014.»

Ne mentionnant jamais que le Hamas est une organisation terroriste reconnue comme telle par États Unis, l’UE, et Israël, PFP considère que « si certines position et actions du Hamas peuvent susciter des critiques, il n’en est pas moins un mouvement ancré dans la société palestinienne. » (p.31, mention en gras d’origine).

« D’autres conflits existent dans le monde, bien plus meurtriers que la situation en Palestine. Israël est considéré comme le méchant idéal. » (p.53)

Réponse de PFP: « Le même type d’argument était entendu de la part du gouvernement sud-africain vis-à-vis de la mobilisation contre l’Apartheid…Si la situation dans le territoire occupé mobilise autant de personnes dans le monde, c’est que la situation y est unique. » (Mention en gras d’origine).

PFP continue et renchérit: « C’est la plus longue occupation du monde. C’est le dernier endroit au monde encore colonisé, par près de 600 000 colons (appuyés par une armée très puissant), qui continue de l’être aux yeux de tous. C’est un des seuls endroits du monde où il existe un système de contrôle de 4.8 millions d’habitants aussi élaboré et complexe…la Palestine a une valeur symbolique très forte: l’injustice continue, la violation du droit international et celle du ‘deux poids, deux mesures’ de la part de la communauté internationale (qui dans certains conflits récents n’a pas hésité à rapidement réagir: guerre de Yougoslavie, invasion du Koweït, intervention de l’armée serbe au Kosovo, sanctions contre la Russies après l’annexion de la Crimée…) ».

De la même manière, répondant à l’affirmation que « le monde entier juge Israël plus durement que n’importe quel autre pays, pour preuve le nombre disproportionné de résolutions des Nations unies traitant Israël » (p.11), PFP affirme que « ce n’est pas une question de jugement subjectif. Le nombre de résolution des Nations unies est proportionné aux atteintes d’Israël au droit international et à la durée, inégalée dans l’histoire moderne, de ces atteintesSi les Nations unies consacrent de nombreuses résolutions à Israël, c’est aussi qu’elles ont pris l’initiative de créer cet Etat lorsqu’elles ont proposé le partage de la Palestine…»

« Les partisans de la campagne Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) sont dans l’illégalité. » (p.55)

Réponse de PFP: « Qualifier le BDS d’illégal n’est pas exact, c’est un terme utilisé par les détracteurs de la campagne BDS ans le but de la délégitimer. Il fait suite à une instrumentalisation de la justice française à des fins politiques ».

Cette manière implicite1 qu’a PFP de soutenir le BDS se heurte pourtant au fait que les militants du boycott d’Israël sont régulièrement condamnés par les juridictions françaises pour provocation à la haine et à la discrimination – jurisprudence constante des tribunaux correctionnels, Cours d’appel, Cour de Cassation, validée  par la Cour européenne des droits de l’homme. De son côté, le Porte-parole adjoint du Quai d’Orsay réaffirma récemment que la France « prohibe le boycott d’Israël comme toute discrimination à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison notamment de leur origine ou de leur appartenance à un pays déterminé. »

La France par le biais de l’Agence Française de Développement, (AFD) a subventionné PFP à plusieurs reprises ces dernières années: 270,000 euros de 2017 à 2020, 225,000 euros de 2014 à 2017, 199,000 euros de 2011 à 2014 et 46,560 euros en 2009. Dans son communiqué du mois de juin 2017 annonçant un nouveau financement, l’AFD affirma alors que PFP « apporte les éléments d’analyse, politique et juridique, nécessaires à la bonne compréhension de la situation » (mention en gras ajoutée).