Les financements français à l’Association Al Bustan Silwan: Mise à jour
Contexte
Au mois de juillet 2019, les chercheurs de l’institut de recherche NGO Monitor ont mis en évidence que plusieurs entités gouvernementales françaises financent à hauteur de 400,000 euros un projet pour la jeunesse à Jérusalem-Est.
La personne faisant initialement office de contact local du partenariat, Daoud Ghoul, est un palestinien qui fut reconnu coupable et condamné en 2015 pour son appartenance à l’organisation terroriste du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).1
Suite à de nombreux articles parus dans la presse israélienne, le ministère israélien des Affaires étrangères ainsi que plusieurs membres du conseil municipal de la ville de Jérusalem ont exprimé des protestations officielles.
Il apparaît que dans les semaines qui ont suivi la publication initiale du rapport de NGO Monitor (7 juillet 2019), la Commission Nationale de la Coopération Décentralisée (CNCD) a supprimé de son site internet toute référence à Daoud Ghoul. En parallèle, l’Association Al Bustan Silwan, l’organisation locale partenaire de ce projet, a supprimé de nombreux posts Facebook problématiques mentionnés dans le rapport de NGO Monitor.
Nouveaux développements
Le 25 février 2020, le Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) a confirmé dans une réponse à une question parlementaire écrite qu’il « apporte son concours au projet porté par le centre socio-éducatif Al Bustan » et le cofinance2 à hauteur de 204,000 euros.
Selon le MEAE, « le projet a reçu l’accord du Comité de sélection des projets de 2019 réuni par la Délégation pour l’Action extérieure des collectivités territoriales qui comprend le Consulat général de France à Jérusalem, l’Agence française de Développement, le Secrétariat général pour les Affaires régionales de la Préfecture de Région Île-de-France, ainsi que Cités Unies France ».
Le ministère apporte de nouveaux détails concernant ce projet, notamment qu’il « répond aux besoins sociaux des habitants du quartier de Silwan à Jérusalem-Est, à travers la mobilisation de femmes pour la santé et l’accompagnement de la parentalité, et il propose des animations socio-éducatives et artistiques aux enfants de ce quartier vulnérable ».
Le MEAE affirme également que ce projet a pour but de mitiger les risques de radicalisation: « L’enclavement des populations palestiniennes, qui font face à une situation économique et humanitaire grave, ainsi que l’absence de perspectives et d’horizon culturel accroissent en effet le risque de radicalisation. En l’occurrence, le projet du centre socio-éducatif Al Bustan contribue à pallier ce risque. ».
Concernant l’implication d’un membre du FPLP condamné (Daoud Ghoul) dans le projet, le MEAE «relève que le coordonnateur initial du projet a été remplacé fin 2018 et qu’il n’exerce plus de responsabilités dans le centre depuis le 1er juillet 2019. » (Mention en gras ajoutée).
Malgré cette dernière affirmation, au mois d’avril 2019, Daoud Ghoul avait dirigé une délégation de l’Association Al Bustan Silwan qui s’était déplacée à Bagneux (une collectivité locale partenaire du projet) pour participer à un « entraînement au cirque social et au parkour ».
De plus, les posts Facebook (datant de 2019) de l’association palestinienne présentent Daoud Ghoul comme un de ses fondateurs et « un membre de son conseil d’administration ».
Finalement, la réponse du MEAE n’évoque pas les inquiétudes exprimées par NGO Monitor, notamment les posts Facebook du nouveau contact local du projet qui célèbrent des terroristes condamnés et encouragent la violence, les visites organisées par l’association aux familles de terroristes et l’exécution théâtrale de la « Palestine » organisée par l’association durant la cérémonie de clôture d’un camp de vacance pour la jeunesse.
En particulier:
- A la place de Ghoul, Sara Qaraein, « la directrice des programmes de l’association » palestinienne figure désormais sur le site de la CNCD en tant que « coordinatrice» de ce projet. Qaraein a publié de nombreux posts Facebook célébrant des terroristes condamnés et encourageant la violence. Par exemple:
- Le 18 août 2018, Qaraein a posté un message faisant référence aux «4 membres de la cellule terroriste de Silwan [qui furent] condamnés pour 35 homicides volontaires » et les a qualifié « des plus brillants de l’histoire de d’al Quds [Jérusalem] » (mention en gras ajoutée).3
- Le 6 mars 2019, Qaraein a publié un éloge pour Basel al-A’araj, un palestinien tué en 2017 dans un échange de tirs avec l’armée israélienne. Al-A’araj fut arrêté par l’Autorité palestinienne en avril 2016 pour « planification d’attaques contre des israéliens et [fut] emprisonné six mois ». Selon des responsables israéliens, il « aurait fait partie d’une cellule terroriste qui planifiait de mener des attaques contre des cibles israéliennes » et c’est Al-A’araj qui « dirigea la cellule et fut responsable de l’achat de l’armement ». L’organisation terroriste du FPLP l’a décrit comme « l’un des plus éminents jeunes palestiniens en lutte».
- Le 29 aout 2014, Qaraein a publié une photo d’enfants en uniforme militaire dont un tient dans sa main une rocket et semble porter l’attirail du Hamas.
- Le 13 octobre 2019, Qaraein a posté une photo marquant la mort de Baha Eleyan. Eleyan fut l’un des deux meurtriers qui avaient commis l’attaque à l’arme à feu et au couteau faisant trois morts et sept blessés à bord d’un bus à Jérusalem (octobre 2015).
- Ameer Maragha est un membre du conseil d’administration de l’association Al Bustan Silwan. Au mois de novembre 2019, il avait dirigé la délégation « Al-Bustan Media Unit » qui s’était déplacée à Nanterre, (une collectivité locale partenaire du projet) pour participer à «participer à une formation intensive pour la réalisation de reportages de presse et de courts métrages ».
- Maragha publie fréquemment des posts Facebook sympathisant et/ou glorifiant des terroristes, notamment Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah; Fathi Shaqaqi, le co-fondateur du Jihad islamique palestinien; George Habash, le fondateur du FPLP; et Abu Ali Mustafa, l’ancien secrétaire général du FPLP.
- Le 25 juillet 2018, l’Association Al Bustan Silwan publia sur son compte Facebook les photos d’une cérémonie de clôture d’un camp de vacance pour la jeunesse sur lesquelles on peut voir de jeunes palestiniens portant sur leurs T-shirts des drapeaux représentant différents pays. Les adolescents représentant Israël et les États-Unis brandissent un révolver et procèdent à une exécution de la « Palestine ». (Les photos ont été supprimées à la suite de la publication du rapport initial).
- En 2017, l’Association Al Bustan Silwan a publié sur son compte Facebook des visites aux familles de prisonniers. « Le président du comité de direction de l’Association Al Bustan », Kutaybah Odeh, a pris part à ces visites (voir photo) et a déclaré que ces visites aux familles et particulièrement celles [de prisonniers] aux longues peines de prisons, ont une grande signification et importance pour exposer la génération tenace à la souffrance des prisonniers en prison ». Il apparaît aussi que des visites aient été rendues aux familles de Mohammed Odeh et de Wissam Abassi, deux palestiniens membres de la « cellule terroriste de Silwan » 4 condamnés pour plusieurs « pour homicide volontaire sur plusieurs personnes ». Durant ces visites, des cartes de la Palestine (qui incluent le territoire d’Israël d’avant 1967) ont été offertes « au nom de l’association Al Bustan » « comme un geste d’appréciation ».
Un possible financement indirect de l’AFD à l’Association Al Bustan Silwan
Au mois d’octobre 2019, l’Agence Française de Développement (AFD) a annoncé une subvention de 800,000 euros en faveur de l’association française Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) « pour une éducation physique et sportive émancipatrice pour tous et toutes (Territoires palestiniens) ».
Au mois de novembre 2019, l’Association Al Bustan Silwan a inauguré « un cours pour entraîneurs sportifs en coopération avec FSGT-France » avec le slogan ‘sports pour tous’.
Selon l’association palestinienne, « le stage sera réparti sur trois ans ».
Appendice: Financements du projet 2019-2021
Bailleurs de fond | 2019 | 2020 | 2021 | Total |
---|---|---|---|---|
MEAE | 68,000 € | 68,000 € | 68,000 € | 204,000 € |
Municipalité de Rennes | 11,429 € | 11,429 € | 11,428 € | 34,286 € |
Municipalité d’Ivry-Sur-Seine | 7,143 € | 7,143 € | 7,143 € | 21,429 € |
Municipalité de Gennevilliers | 7,143 € | 7,143 € | 7,143 € | 21,429 € |
Municipalité de Montreuil-Sous-Bois | 13,143 € | 6,143 € | 2,143 € | 21,429 € |
Conseil départemental du Val-De-Marne | 7,143 € | 7,143 € | 7,143 € | 21,429 € |
Municipalité de Bagneux | 4,763 € | 4,762 € | 4,761 € | 14,286 € |
Conseil départemental de Loire-Atlantique | 4,286 € | 4,286 € | 4,285 € | 12,857 € |
Collectivités et partenaires étrangers | 3,333 € | 3,333 € | 3,333 € | 9,999 € |
Municipalité de Besançon | 2,857 € | 2,857 € | 2,857 € | 8,571 € |
Municipalité de Bezons | 2,857 € | 2,857 € | 2,857 € | 8,571 € |
Municipalité de Nanterre | 2,857 € | 2,857 € | 2,857 € | 8,571 € |
Municipalité de La Courneuve | 1,429 € | 1,429 € | 1,428 € | 4,286 € |
Municipalité de Rezé | 1,822 € | 1,071 € | 321 € | 3,214 € |
Municipalité de Gières | 457 € | 57 € | 57 € | 571 € |
Total | 138,662 € | 130,510 € | 125,756 € | 394,928 € |
Footnotes
- Selon le verdict du tribunal du District de Jérusalem [67637-03-16; traduction par NGO Monitor], « À une période antérieure à 2006, l’appelant [Daoud Ghoul] avait rejoint l’organisation du Front populaire de libération de la Palestine, occupa des postes de direction au centre Nidal, un lieu d’activité de l’organisation [FPLP] et à l’Union of Health Work Committees-Jerusalem [Health Work Committees]…le cadre dans lequel l’organisation [FPLP] avait commencé à fonctionner après la fermeture du centre de Nidal en 2009. A ce titre, l’appelant avait organisé, entre autres, des voyages, des activités extrascolaires et des camps de vacances pour jeunes – dont certains portaient des noms de terroristes actifs au sein de l’organisation –, ainsi que des visites aux familles de membres de l’organisation décédés et incarcérés ». Ghoul avait « agit afin de rapprocher le public palestinien de l’organisation [FPLP] ». Le verdict précise aussi que « l’appelant a déjà été condamné à deux reprises pour appartenance à une organisation terroriste en 2005 et 2006 et pour crimes violents motivés idéologiquement, pour lesquels il a été condamné à des peines d’emprisonnement de 12 et 18 mois. Néanmoins, cela n’a pas suffi à le dissuader et il est revenu pour commettre des infractions dans les années qui ont suivi sa libération » (mentions en gras ajoutées).
- Le projet d’un budget de 394,928 euros est cofinancé par le MEAE (204,000 euros) et plusieurs collectivités locales (voir appendice)
- La cellule terroriste avait participé à « huit attaques terroristes majeures » dont « l’attentat suicide au Café Moment à Jérusalem » (9 mars 2002) « dans lequel 11 civils israéliens furent assassinés » et « l’attaque terroriste à la bombe à la cafétéria de l’université hébraïque » (31 juillet 2002),* « dans laquelle quatre israéliens et cinq étrangers furent assassinés ».
- La cellule terroriste de Silwan fut responsable de multiples attques terroristes contre des civils israélien, notamment « l’attaque terroriste à la bombe à la cafétéria de l’université hébraïque » (31 juillet 2002), dans laquelle neuf personnes furent assassinées, y compris David Gritz un Franco-Américain.